La sortie des nouveaux processeurs AMD Opteron-X va sans doute orienter pour quelques trimestres le marché des micro-serveurs, dont la croissance devrait être pour le moins soutenue sur les cinq prochaines années. Car pour une fois, au lieu de simplement suivre Intel en offrant des alternatives moins onéreuses, la proposition de valeur AMD se distingue par des arguments solides, sur tout le spectre des spécifications.

On sait que les deux chiffres déterminants, au moment de l’achat par l’utilisateur final ou de l’intégration par l’OEM, sont le ratio performance / Watt / dollar et le ratio densité de calcul / dollar. La gamme Opteron-X étant constituée de puces quadri-cœurs dont certaines intègrent leur propre GPU accélérateur, ces deux critères sont désormais nettement en faveur d’AMD. Certes, leur consommation dépasse celles des processeurs Intel Atom récents (de 9 à 11 W contre 8,5 W pour l’Atom le plus gourmand), mais les Opteron-X étant des SoC complets, cette comparaison est au final à leur avantage.

C’est quand on confronte les deux séries caractéristique par caractéristique – Atom S1200 et Opteron-X – que les différences sont les plus évidentes.  Plus de cœurs (4 contre 2), plus de cache (2 Mo contre 1), plus de RAM (32 Go par socket contre 8), plus de bande passante mémoire (1600 GT/s contre 1333), un GPU 128 cœurs d’architecture Graphics Core Next pour la version haut de gamme (Opteron X2150)… le tout produit en 28 nm contre 22 nm pour Atom, ce qui devrait assurer à Opteron-X une bonne profitabilité.

Reste à voir quel sort l’industrie va lui réserver et si, comme l’espère AMD, les possibilités d’intégration dense qu’offre cette nouvelle gamme vont effectivement se concrétiser. Car Intel a par avance déminé le terrain en annonçant les premières déclinaisons de Silvermont pour la fin de l’année. Au menu, des fiches techniques assez proches de celles qu’AMD propose aujourd’hui, mais des fonctions supplémentaires qui pourraient, selon l’utilisation applicative prévue, s’avérer déterminantes. Parmi elles, citons notamment un jeu d’instruction 64 bits complet, Intel Burst Technology 2.0 (qui détermine dynamiquement les contraintes thermiques et électriques du processeur) et VT-x2, couche de virtualisation native de seconde génération. AMD a donc dégainé le premier, mais on attend avec impatience la suite du feuilleton…