Verbatim : Catherine Rivière, CEO, GENCI / Chair, PRACE
By   |  March 10, 2014

Avec l’ETP4HPC en Europe et l’appel à projet HPC et Simulation en France, les pouvoirs publics européens et français prennent enfin conscience du rôle stratégique du HPC dans l’innovation et la compétitivité. D’où vient cette prise de conscience selon vous ?

Elle prend sa source dans la comparaison avec les États-Unis, la Chine et le Japon qui investissent chaque année des millions de dollars dans ce secteur. Mais elle est aussi le résultat de la forte mobilisation de la communauté scientifique en France et en Europe pour convaincre les pouvoirs publics que notre compétitivité, notre force d’innovation et notre rayonnement international résident aussi dans la maîtrise du calcul intensif. C’est un gros travail de démonstration mais qui porte ses fruits aujourd’hui… Il faut aussi souligner le caractère désormais incontournable du calcul intensif dans de nombreux secteurs. C’est le cas, par exemple, dans celui de la cosmétique où la simulation numérique devient indispensable depuis la mise en application de l’interdiction des tests de produits sur les animaux en mars 2013.

A cet égard, comment jugez-vous la complémentarité des programmes nationaux et européens ? En quoi ne sont-ils pas justement concurrents ?

En Europe, le terme couramment employé est “subsidiarité”. Ce qui ne peut être réalisé au niveau national l’est au niveau européen. Par exemple, la plus importante allocation d’heures au monde a été faite par PRACE sur la machine allemande Hermit pour une équipe anglaise du Meteorology Office : pas moins de 144 millions d’heures de calcul ont été allouées pour permettre à cette équipe de gagner trois ans dans le développement de modèles climatiques à haute résolution. Même nos homologues américains n’avaient jamais réalisé une telle allocation et, sans PRACE, ce projet n’aurait pas vu le jour ! Les heures de calcul sont allouées par PRACE à des projets de plus grande envergure que ceux que nous pouvons accueillir au niveau national. Dans le cas du Meteorology Office, c’est PRACE, soutenu par son conseil scientifique, qui a fait le pari d’allouer un nombre record d’heures de calcul simplement parce que la demande était exceptionnelle. Ce type de pari scientifique est plus facilement réalisable au niveau européen qu’au niveau national.

Restons un instant en compagnie de nos instances dirigeantes. Quelles sont les ambitions des politiques en matière de calcul intensif ? Et estimez-vous les moyens mis sur la table suffisants au regard de ces ambitions ?

L’Europe affiche une réelle volonté politique. Après la communication de la Commission européenne, le 15 février 2012, affirmant l’importance stratégique du calcul intensif pour l’innovation scientifique et industrielle en Europe, le Conseil de compétitivité de l’Union européenne, réuni à Bruxelles les 29 et 30 mars 2013, s’est exprimé dans le même sens. C’est la première fois que les états membres et la Commission européenne adoptent les mêmes conclusions sur l’importance stratégique du calcul intensif. Pour que l’Europe reste compétitive sur la scène internationale, il est indispensable que PRACE devienne une infrastructure pérenne, ce qui n’est pas encore tout à fait le cas puisque l’engagement financier initial couvre seulement la période 2010-2015. Pour les années suivantes, il nous faudra un soutien financier plus large car quatre pays ne pourront plus à eux seuls donner accès à des moyens de calcul performants pour tous les pays de l’Union. D’autres sources de financement devront être trouvées, qu’elles viennent de la Commission européenne – je pense au programme « Horizon 2020 » – ou d’autres partenaires, pour financer à la fois l’investissement et le coût d’exploitation des prochains calculateurs.

La Commission européenne reconnaît à PRACE un rôle de pilier dans le développement du calcul intensif en Europe. Comment PRACE se positionne-t-il justement ? Et plus spécifiquement vis-à-vis de l’ETP4HPC ?

La politique de la Commission européenne en matière de calcul intensif est claire. Elle s’appuie sur trois piliers : un pilier « infrastructure de recherche », un pilier « R&D » pour construire les technologies et un pilier « applications ». L’ETP4HPC est le pilier technologique, PRACE le pilier infrastructure et les centres d’excellence, encore en construction, le pilier applications.

Comment PRACE prépare-t-il aujourd’hui son avenir ?

Comme nous venons de l’évoquer, PRACE a un financement assuré jusqu’en 2015. Dès 2012, nous avons entamé une réflexion sur la stratégie de PRACE sur la période 2015-2020 et nous avons aujourd’hui une vision partagée de ce que doit offrir PRACE : des machines d’une puissance de calcul de l’ordre de 50 Pflop/s à horizon 2020, avec des architectures complémentaires, et de nouveaux usages autour des machines comme le portage de code, peu développé jusqu’à présent. Nous travaillons encore sur le modèle financier du futur PRACE pour lequel le financement devra être plus important qu’actuellement. L’objectif est d’en avoir une vision claire d’ici à la fin de l’année.

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