HPC rime avec souveraineté
By   |  April 02, 2013

L’importance stratégique du HPC pousse à l’indépendance par rapport aux Etats-Unis. Mais cette indépendance est souvent plus facile à plaider qu’à réaliser…

Steve Conway
Vice-President, IDC, en charge du secteur HPC.

Il n’est quasiment plus un pays où les pouvoirs publics ne reconnaissent l’importance cruciale des technologies HPC pour l’avancée scientifique, l’innovation industrielle et la compétitivité économique. Cette prise de conscience, relativement récente, a engendré plusieurs réactions. Outre de substantielles augmentations de financement institutionnel en Europe et en Asie, on assiste à un changement de mentalités. Tout ce qui touche au calcul intensif est aujourd’hui considéré comme trop stratégique pour que s’installe une dépendance forte par rapport à des fournisseurs étrangers (c’est-à-dire, en termes clairs, aux Etats-Unis). En Chine, en Inde, la détermination à pousser le développement de technologies HPC indigènes découle également d’un sentiment d’exclusion. Pendant des années, ces pays n’ont pas eu accès aux supercalculateurs disponibles en occident et souhaitent maintenant ne plus dépendre pour cela que d’eux-mêmes.

Ainsi, un nombre croissant d’initiatives HPC peuvent être qualifiées d’autonomes – même si, sur certains aspects, elles nécessitent toujours des partenariats avec de grands acteurs américains. C’est le cas d’abord de La Plateforme Technologique Européenne pour le HPC (ETP4HPC), qui ambitionne de placer le Vieux Continent aux premiers rangs des producteurs de solutions. On citera parmi ses principaux animateurs Bull, IBM, le CEA et Ter@tec, mais n’oublions pas la vingtaine d’autres membres à qui l’on doit quelques avancées majeures dans le domaine HPC au sens large.

Remarquons ensuite que les processeurs à base ARM – société anglaise – commencent à être utilisés dans des systèmes HPC d’envergure, à la suite d’initiatives signés HP (projet Moonshot), Samsung (calculateur européen Mont-Blanc), NVIDIA, etc. Ces processeurs, ainsi que leurs concurrents Atom d’Intel, s’affirment d’ailleurs de plus en plus comme éminemment rentables pour les traitements nécessitant un minimum de force brute, surtout quand on les associe avec quelques CPU plus puissants.

Au Japon, l’ordinateur K de Fujitsu, perché pendant près d’un an en tête du Top500, est basé sur des cœurs SPARC propriétaires. Selon IDC, Fujitsu devrait d’ailleurs rester un innovateur majeur dans le domaine HPC. Chez son grand rival, NEC, l’annonce a été faite de la commercialisation prochaine d’un supercalculateur vectoriel.

En Chine, enfin, on compte au moins trois initiatives majeures en matière de processeurs : Sunway (dérivé Alpha), Godson (dérivé MIPS) et les SPARCs embarqués dans Tianhe-1A. Cela dit, aucune des trois ne bénéficie d’une base utilisateurs réellement établie, ni dans le domaine HPC, ni pour des utilisations plus classiques. Rappelons que le calculateur de 3 PFlops « Nebulae », commercialisé comme un produit fini par Sugon (ex Dawning), est pour sa part construit à partir de CPU Intel Xeon et d’accélérateurs GPU NVIDIA Tesla.

Globalement, IDC estime que les clusters x86 resteront à moyen terme la principale plateforme technologique HPC. Mais on devrait voir augmenter le nombre des systèmes alternatifs associant CPU d’origines diverses et composants dédiés à la gestion du parallélisme. C’est d’ailleurs là que se joue aujourd’hui la bataille, à la fois commerciale et stratégique. Le devenir des différents coprocesseurs (GPU NVIDIA, Intel Xeon Phi…), des processeurs hybrides de Convey, des SoC à base ARM, des Atom et des alternatives japonaises et chinoises dépendra en dernier ressort de leurs performances réelles sur les applications clés, de leur programmabilité et, bien sûr, de la richesse de l’offre logicielle qui les accompagnera… volonté de souveraineté ou pas.

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