La sauvegarde sur bande est toujours à la pointe !
By   |  June 30, 2016

Interview avec Carole Halnaut, spécialiste Stockage du Groupe Octant.

Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que la bande est morte ?
Le problème dans l’environnement informatique est qu’on utilise souvent la presse et les medias à des fins publicitaires. J’ai lu, par exemple, il y a quelques jours dans un journal informatique les prévisions du groupe HGST sur le monde su stockage en 2016 : ils disaient que le disque allait supplanter la bande. C’est certain qu’ils n’allaient pas raconter le contraire puisqu’ils sont eux-mêmes fabricants de disques durs. La seule anomalie dans ce qu’ils racontent est que je croyais, selon les rumeurs, que la bande était déjà morte. Or, là, je découvre qu’en fait, la bande n’est pas morte, mais qu’elle va mourir incessamment… Cette mort annoncée de la bande finit par me faire penser au film “Le viagier” avec Michel Serrault… Je conseille donc beaucoup de recul aux utilisateurs quant aux informations avec lesquelles ils sont matraqués.

Pour en revenir à la bande, il y a une excellente interview de Christophe Canal, directeur des ventes d’Oracle France, sur le site ITplace.tv. Il y explique que lorsqu’on paie des impôts, les données sont conservées sur une bande, que lorsqu’on a une messagerie, les données sont sur bande. Je pourrais même aller plus loin et ajouter que lorsqu’on regarde une vidéo sur youtube, celle-ci est enregistrée sur bande, que les photos sur Instagram sont conservées sur bande, que vos données bancaires sont sur bande, vos radios et autres données médicales sont sur bande. Encore plus, que les données liés à la scolarité de vos enfants sont enregistrées sur bande. Bref, vous pouvez prendre le TOP1000 des plus grandes entreprises Européennes et vous verrez que 95% d’entre elles utilisent des bandes. On parle, ici, d’un produit qui est devenu un standard. Par contre, il est évident que la courbe de vie de la technologie de bande ne fut pas linéaire, je fais partie de ceux qui pensent que ce soit disant “âge d’or” de la bande, entre 1992 et 2003, fut justement son âge ingrat : produits de très mauvais qualité, faible performance, beaucoup de différents formats dont on aurait pu se passer etc… A contrario, je pense qu’on est entré, depuis 2011 dans le plus bel âge de la bande, en tout cas, sur l’aspect industriel et qualitatif. Je milite personnellement pour qu’on trouve un nouveau nom aux nouvelles bandes dites Barium Ferrite, afin de ne pas les confondre avec les anciens formats qui ont disparu et même avec d’anciennes générations de bandes LTO. On pourrait appeler ça les BFT (Barium Ferrite Tapes) ou Smart Tapes, ou le IFO en combinant les initiales des trois fabricants qui portent la technologie de bande aujourd’hui (IBM, Fujifilm et Oracle) etc… Peut-être faudrait-il lancer un concours pour trouver un nouveau nom. Bref, nous venons de changer d’ère, il faut segmenter l’historique du stockage de données en différents âges et analyser tout ça.

Justement, comment délimitez-vous les différents âges de la sauvegarde sur ces 20 dernières années ?
Je vois deux transitions principalement une première en 2003, lorsque le disque dur supplante la bande comme support de stockage dominant et une autre en 2011, lorsque le Barium Ferrite supplante le disque dur. On peut lier ces changements à différents évènements ou facteurs tels que l’évolution de la demande du marché, les progrès en fabrication etc… ou même des facteurs socio-culturels…

Qu’entendez-vous par facteurs socio-culturels ?
Les décideurs informatiques ne fonctionnaient pas en 2003 comme ceux de 2016. Au début des années 2000, ceux qui ont aujourd’hui entre 40 et 70 ans découvraient l’informatique. Pour une grande partie de notre génération le mot d’ordre était que l’utilisation d’un produit informatique devait être aussi facile que possible. Ceux-là même qui jouaient aux jeux électroniques particulièrement simples des années 80 exigèrent, au sein, de l’entreprise des produits faciles à gérer. L’air du temps était donc favorable au disque dur. Il y a bien un avantage au disque dur, c’est qu’il est plus facile à utiliser que la bande. Pour le reste, rien ne va : le ratio d’erreurs en écriture du disque est dix mille fois supérieur à celui de la bande (comparer le Bit Error Rate du disque entreprise SATA et celui de la LTO7), la vitesse d’écriture est quasiment trois fois plus rapide pour les petits fichiers. On peut ajouter que l’empreinte écologique du disque a été jugée cent fois plus importante que la bande par une enquête du Clipper Group sur une solution évoluant de 1PB à 28PB en neuf ans. Enfin, je ne vous parle même pas de ce qui fait fondamentalement la différence entre bande et disque : le fait que la bande est une solution de stockage qui permet de conserver des données jusqu’à 30 ans alors que le disque va commencer à tirer la langue après deux ans et finir par expirer après 3-4 ans d’utilisation. Pourtant, le disque a connu un succès fou car il correspondait également aux aspirations de cette génération. De plus, le disque a effectué une percée à une époque où la création de nouvelles données digitales était stable : cela faisait quelques années qu’aucun format ou logiciel révolutionnaire n’était apparu. Une croissance faible de données plus ce besoin urgent de simplifier l’utilisation informatique : tout était réuni pour le succès du disque dur.

Aujourd’hui la donne est différente, la nouvelle génération a parfaitement intégré les formes les plus complexes de l’utilisation du digital. Il suffit de donner un Smartphone à un adolescent, il en tirera la quintessence en l’espace de 24 heures. Autrement dit, la nouvelle génération de responsables informatiques cherche la performance : sécurité, vitesse, fiabilité…. Cette nouvelle génération est convaincue que le rôle de l’informatique est de faire progresser l’entreprise. Utiliser un produit bas de gamme mais facile d’utilisation n’est plus la priorité. Ce changement générationnel a également joué en faveur de la bande.

On ne peut pas tout expliquer par des comportements générationnels quand même…
Non, c’est juste un exemple. La raison principale de la deuxième transition en 2011 du disque vers la bande, est la concomitance de trois évènements majeurs : d’une part, un bouleversement organique du marché, d’autre part un évènement politique fort, et enfin une innovation technologique capable de résoudre les deux premiers points.
Le bouleversement organique du marché est évidemment l’explosion de la création de données digitales. Le virage a lieu dans la deuxième moitié des années 2000.

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