Tendances 2016 : INNOVATION
By   |  February 17, 2016

Serge Darles, Directeur Business Technologie et Innovation, Groupe Keyrus

Les recettes de l’innovation : leviers et opportunités de transformation
Exemple du secteur automobile applicable à tout autre secteur

A l’heure où la numérisation et l’innovation sont au cœur des problématiques des entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité, celles-ci doivent anticiper et adopter une attitude agile, résolument innovante et entrepreneuriale.

C’est à ce seul prix qu’elles pourront assurer leur pérennité et lutter à armes égales avec les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et autres Uber, en créant des services à forte valeur d’usage recherchés par les clients, et qui leur permettront de trouver leur place dans ces nouveaux écosystèmes.

Deux questions stratégiques se posent avant de réfléchir à la transformation de l’entreprise par l’innovation :

Quels sont les nouveaux leviers de transformation et les opportunités business associées ?
Comment se positionner dans ces écosystèmes industriels en pleine mutation ?

L’exemple choisi ci-après pour illustrer ce propos est issu du secteur automobile, les constructeurs et leurs véhicules connectés faisant partie des pionniers de la transformation 3.0. Cet exemple est applicable à tout autre secteur.

1. NOUVEAUX LEVIERS DE TRANSFORMATION ET OPPORTUNITES BUSINESS ASSOCIEES

La connectivité apporte de nouveaux leviers de transformation majeurs, notamment grâce au développement accéléré de l’internet des objets. Dans le secteur automobile, ces leviers se manifestent sous plusieurs formes :

■ La capacité de dialogue en temps réel avec le conducteur, mais également avec les autres voitures, et les infrastructures environnantes. Continental dispose par exemple d’un véhicule de démonstration dont les caméras lisent les panneaux, et dont les images sont ensuite croisées avec les données GPS et la cartographie augmentée, basée sur le système HERE de Nokia. Une autre de ses “demo-cars” peut communiquer en permanence avec les stations météo, recoupant ces données avec l’humidité mesurée sur la route ou via les capteurs de pluie et de luminosité du pare-brise. Ces informations permettent ensuite d’adapter la vitesse ou la trajectoire du véhicule.

■ Des données au volume exponentiel concernant la géolocalisation, le trafic routier, les informations environnementales, l’état de fonctionnement de la voiture, le comportement de conduite, et plus généralement toute interaction entre le conducteur et son véhicule. IBM et PSA Peugeot Citroën ont par exemple récemment élargi pour 7 ans leur partenariat visant à développer des services connectés pour les véhicules, notamment pour améliorer la maintenance préventive des véhicules et la gestion du trafic.

■ L’accès dans la voiture à des services extérieurs, comme des services de conciergerie. Par exemple, le service OnStar de General Motors, qui a fait ses débuts aux Etats-Unis dès 1996, aux balbutiements de l’ère numérique, génère aujourd’hui quelques 100 000 appels tous les mois. Un autre service serait l’organisation de la livraison dans le coffre de votre voiture. A l’image de l’expérience déjà menée avec Volvo, Amazon annonce qu’il conduit actuellement des essais visant à livrer les commandes de ses clients à même le coffre de leur voiture. Le groupe américain est partenaire de DHL et limite ses tests à des clients habitant dans la région de Munich en Allemagne, membre du service Amazon Prime et disposant d’une Audi.

Ces leviers de transformation génèrent de multiples opportunités. Pour notre exemple des constructeurs automobiles, elles consistent principalement en :

■ Un meilleur maintien de la qualité des véhicules et la réduction du coût associé grâce notamment à :
Un suivi en continu, car en étant informé en temps réel du kilométrage d’une voiture, le constructeur peut s’appuyer sur cette donnée pour s’assurer que les conducteurs font bien leurs visites de révision.
La prévention des problèmes, car l’analyse de l’historique des données de conduite des véhicules permet une maintenance « prédictive » qui identifie en amont les indices de panne et de situations critiques.

■ Une amélioration significative de l’expérience après-vente et de la fidélité au réseau.
Une voiture connectée pourra faire son propre check-up, alerter le conducteur de la prochaine maintenance à réaliser, le mettre en relation avec son garage de référence et prendre rendez-vous au moment le plus opportun. Elle pourra même envoyer au garage un diagnostic préalable qui facilitera la prise en main du véhicule à l’arrivée du conducteur dans son atelier.

■ La création de nouvelles sources de revenus pour le constructeur, comme par exemple :
La vente de données, sachant que le constructeur pourrait vendre les données de ses véhicules aux acteurs d’autres industries, comme par exemple les assureurs dans le cadre de leurs contrats de « pay-as-you-drive » et « pay-how-you-drive », ou les collectivités pour la prévision de trafic.

De nouveaux services BtoC, car un véhicule connecté pourra optimiser votre parcours et chacun des points d’intérêt que vous traverserez sur votre route. Par exemple, à l’approche du domicile, le véhicule pourra vous conseiller l’endroit le plus propice pour vous garer, prendre en charge le paiement de votre stationnement, puis indiquer les endroits à proximité susceptibles de vous intéresser (commerces, lieux publics, …).

De nouveaux services BtoB destinés aux gestionnaires de flottes de véhicules. Par exemple, le service « Peugeot Connect Fleet Mgt » qui aide les gestionnaires à optimiser le « Total Cost of Ownership » (TCO) de leurs flottes de véhicules en s’appuyant sur les données de consommation, les heures d’utilisation, la maintenance préventive, les alertes mécaniques et le niveau de carburant. Ce service incite également à l’éco-conduite, en analysant les styles de conduite et en comparant les conducteurs d’une flotte pour offrir des conseils propres à chaque conducteur. Enfin, il fournit la situation de la flotte en temps réel, en permettant de rechercher un véhicule proche d’un point stratégique et en affichant les trajets.

2 – ECOSYSTEME ET POSITIONNEMENT

Une fois que l’entreprise a déterminé l’opportunité business à poursuivre, elle doit développer l’écosystème adéquat et adopter un positionnement clair.

Pour un constructeur automobile, deux principaux rôles s’offrent à lui :

■ Producteur de données : le constructeur se recentre sur l’amélioration de la qualité des véhicules et sur la vente des données qui en sont issues.
C’est le rôle qui paraît le plus naturel pour un constructeur automobile comme pour tout opérateur de mobilité, puisqu’ils sont à la source des données en tant que loueur, leaser, « car-sharer ».
Les prérogatives d’un « producteur de données » sont de collecter les données des véhicules, les certifier, et les rendre disponibles (par exemple par API management) pour sa propre utilisation ou l’utilisation par un tiers.
Le développement de l’écosystème requis posera d’autant moins de difficultés pour un constructeur puisque c’est son environnement naturel.

■ Agrégateur de services : le constructeur propose en son nom de nouveaux services BtoC ou BtoB et améliore de manière significative l’expérience client – pour l’après-vente par exemple.
Un agrégateur de services intègre l’ensemble des services déjà existants et complète son offre pour en faire une nouvelle expérience client unique, homogène, fluide et à forte valeur d’usage.

Ainsi, dans l’exemple où la voiture identifie un problème potentiel, l’agrégateur de service doit intégrer en temps réel et en continu : un service d’autodiagnostic, un dialogue de prévention avec le conducteur, puis l’organisation et la coordination avec le garage de la visite en atelier. Le véhicule pourra ensuite transmettre au garage l’autodiagnostic afin que les techniciens disposent des informations en amont pour préparer leur intervention en atelier.

Pour l’après-vente, le constructeur peut développer le bon écosystème sur des bases solides puisqu’il est déjà en relation avec son réseau après-vente et ses garages. En outre, cette nouvelle position d’agrégateur pourrait le remettre « au cœur » de la relation, en passant d’une relation « conducteur <> garage <> constructeur » à une relation « conducteur <> constructeur <> garage ».

Une entreprise de tout autre secteur que celui de l’automobile peut très probablement bénéficier des mêmes leviers de transformation (capacité de dialogue en temps réel, volume de données exponentiel, capacité à faire appel à des services réalisés à distance) et identifier de nouvelles opportunités de business. Les relais de croissance seront ainsi à trouver dans un écosystème et avec un positionnement qui seront sans doute nouveaux pour l’entreprise.

De même, il sera peut-être nécessaire de relever de nouveaux défis technologiques et de faire évoluer l’organisation en créant de nouveaux départements et/ou business units.

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